Le chef d'Etat major irakien Babaker Zebari est en visite à Téhéran. A cette occasion son homologue iranien le général Pakpour a souligné que l'Iran n'épargnerait aucun effort pour aider les Irakiens à construire la sécurité dans leur pays.
Il a ajouté que le retrait des forces étrangères d'Irak était l'occasion pour les Irakiens de commencer à prendre en main leur destinée. Cela pourrait augurer d'une alliance irano-irakienne après le départ des Américains que Washington depuis le second mandat de George W. Bush souhaitait rendre effectif fin 2011.
Cependant rien n'est simple car le même Babaker Zebari aurait déclaré selon un rapport de l’Inspecteur général spécial américain pour la reconstruction de l’Irak publié le 1er novembre que les forces de sécurité irakiennes n’auront pas la capacité « sans l’aide de partenaires internationaux » de défendre l’espace aérien et les frontières du pays jusqu’à l’horizon 2020 à 2024, ce qui laisse entendre qu'il compterait davantage sur les Etats-Unis que sur l'Iran pour protéger son pays. En tout état de cause les Etats-Unis laisseront 5 500 employés de sécurité privés sur place après leur retrait d'Irak, 16 000 employés militaires et civils dans leur plus grande ambassade au monde (à Bagdad) et renforceront leur présence militaire dans les pétromonarchies.
La difficulté pour l'irak de choisir entre son mentor étatsunien et ses sympathies iraniennes se reflète aussi dans sa diplomatie au quotidien. Bagdad s'est abstenue sur la suspension de Damas (allié de l'Iran) de la Ligue arabe (sans pouvoir aller jusqu'à voter contre comme le Liban et le Yémen), il a sévèrement critiqué les sanctions prises ensuite par cet organisme.L'Irak à majorité chiite aurait en effet beaucoup à perdre à voir s'installer à Damas un gouvernement sunnite favorable à l'Arabie Saoudite, lequel ne manquerait d'ailleurs pas de renvoyer en Irak les milliers de réfugiés de la guerre de 2003 séjournant en Syrie, parmi lesquels de nombreux partisans de Saddam Hussein dont la résistance armée en Irak s'est encore montrée active l'an dernier.
Sanaa Amrani