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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 02:57

Le 17 janvier dernier, la Haute Cour pénale irakienne - ex Tribunal spécial irakien, créé en 2003 par les autorités d’occupation - a condamné à mort en catimini Ali Hassan al-Majid dit "Ali le chimique" pour avoir ordonné le bombardement au gaz de la ville kurde de Halabja, le 16 mars 1988. Il a été pendu le 25. Ce bombardement a longtemps servi de mobile à l'administration Bush pour justifier sa guerre contre l'Irak, notamment lorsque celui des armes de destructions massive prêtait à caution. baghdad-bank.jpg

Un dossier sur france-irak-actualité.com rappelle que la bataille de Halabja a été provoquée par l’entrée au Kurdistan irakien d’une colonne de Gardiens de la révolution iranienne (Pasdarans), guidée par un groupe de peshmergas de l’Union Populaire du Kurdistan (UPK), le parti de Jalal Talabani, actuel président de la République, ce qui, en pleine guerre Iran-Irak, était un acte de trahison. "Arrivés près de la ville, explique ce blog, les Iraniens s’étaient emparé d’une garnison irakienne, et - selon le témoignage d’un ancien ambassadeur de France à Bagdad - égorgé les prisonniers et leur famille. A Téhéran, les mollahs organisateurs de cette opération, baptisée Val Fajr-10, savaient ce qui risquait de se passer ; les chefs de l’UPK probablement aussi. A chaque fois que les Iraniens perçaient dangereusement les lignes irakiennes, les gaz étaient utilisés pour les repousser. Malgré le danger, l’UPK avait ordonné à la population de Halabja de se rassembler pour accueillir leurs « libérateurs »." L’armée irakienne a utilisé du gaz pour annihiler l’offensive iranienne sur son territoire mais l’Iran est aussi accusée d’en avoir fait autant au cours de la bataille, et à Halabja précisément. Le 4 mai 1990, le Washington Post a résumé un rapport classifié de l'Army War College affirmant que l’interception par les Etats-Unis des communications échangées sur le champ de bataille désignait l’Iran comme l’auteur du bombardement au gaz de Halabja. Les Pasdarans croyaient que la ville avait été reconquise… Ce rapport, co-rédigé par le docteur Stephen Pelletiere, analyste de la CIA spécialiste de l’Irak, précisait que l’Irak ne possédait pas le type de gaz utilisé à cet endroit. Les conditions dans lesquelles le procès se déroulaient ne permettaiênt pas de faire la lumière sur cette affaire. Mais des rebondissements sont possibles. Le site kurde Rudaw.net a révélé qu’il y a deux mois, pendant l’assemblée plénière de l’UPK, Jalal Talabani a accusé son ancien n°2, Nawshirwan Mustafa -  aujourd’hui chef du Gorran (Changement), mouvement kurde d’opposition - d’être responsable du bombardement. Le 16 mars 2006, lors de la cérémonie anniversaire du massacre, la population de Halabja a incendié le monument qui le commémore.

L'ex-Vice-premier ministre irakien Tarek Aziz pour sa part qui a été condamné à 15 ans de prison a été hospitalisé d’urgence le 17 janvier sur la base américaine de Balad (ex Al-Bakr), près de Ramadi, suite à une nouvelle attaque cardiaque. Il aurait perdu l’usage de la parole. Sa famille n’a pu obtenir de nouvelles de son état de santé, ni des autorités américaines, ni irakiennes. Aucune ONG humanitaire occidentale ne se préoccupe de son sort. Son décès arrangerait les leaders occidentaux.

Les ex-baassistes ne sont pas les seules victimes d'une répression brutale sans respect de l'Etat de droit en Irak. Un millier d'hommes et de femmes, selon Amnesty International, sont en attente de l'exécution de leur condamnation à mort dans ce pays. Parmi elles, le collectif des Femmes irakiennes unies pour un Irak indépendant et unifié cite des condamnés de droit commun comme Samar Saed Abdullah accusée d'avoir tué son oncle et sa femme, mais qui dit avoir avoué sous la torture alors que l'auteur du crime serait son fiancé. Une campagne internationale est menée sur ce thème sur Stopwar.org.uk.


Dans ce pays où les multinationales se partagent la manne pétrolière, le bilan de la guerre et de l'occupation depuis  2003, est de 1,2 million de morts (y compris les pertes résultant des guerres civiles résultant du démantèlement des structures étatiques par les occupants occidentaux), un million de handicapés, 5 millions d'orphelins, 1 million de veuves.  Selon Oxfam : 92% des enfants irakiens souffrent de difficultés scolaires dues à des traumastisme, seulement 30% d'entre eux ont accès à l'éducation secondaire,180 hôpitaux en Irak sont dépourvus d'équipements de base. 4 millions d'Irakiens sont réfugiés refugees. Selon Transparency International, le gouvernement irakien est parmi les plus corrompus du monde. Les actions pour le jugement devant la justice internationale de Tony Blair, JM Aznar et George W Bush, D. Rumsfeld, D. Cheney, C. Rice etc. se poursuivent. En campagne électorale, Barack Obama avait promis de retirer les troupes américaines d’Iraq dans les 16 mois suivant son accession à la présidence. Avec Robert Gates, l’Amiral Mike Mullen et de nombreuses autres voix, il a ensuite décrit ce scénario comme étant simplement l’une des options envisageables. En février 2009, il parlait plutôt de 19 mois — le retrait des troupes devant être effectué en août 2010. Puis, le mois suivant, lors d’une discours à Camp Lejeune (Caroline du Nord), la date était reportée encore, cette fois à la fin 2011, qui est celle que l’administration Bush avait elle même retenue dans son accord avec le gouvernement de l’Iraq (le Status of Force Agreement, ou SOFA).Et déjà, l’administration Obama parle d’y laisser des "troupes de non-combattants" même après 2010 ou 2011...

F. Delorca

 

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