L'Union européenne, déçue de voir la Russie dicter ses règles en termes de politique gazière, regarde vers l'Afrique, et notamment vers la Libye, aux riches ressources pétrolières, où vient de se rendre Nicolas Sarkozy. La France (Total) est bien implantée dans le pays à la différence des Etats-Unis entravés par l'embargo.
Au passage la France renoue avec sa politique de dissémination nucléaire qui dans les années 1970 l'avaient conduite à transférer des technologies au profit de l'Irak et de l'Iran (et dans les années 1950 au profit d'Israël) et prône une généralisation des traités de coopération nucléaire avec les pays arabes.
La politique de Sarkozy sur la Libye n'est pas en contradiction de celle du Royaume-Uni (British Petroleum a décroché un contrat de 900 millions de dollars pour des forages après 33 ans d'absence http://english.alarabonline.org/display.asp?fname=200777-25zalsoz928.htm&dismode=x&ts=25/07/2007+01:39:44+%C3%A3), avec qui elle est d'ailleurs en partenariat sur le Darfour, ni avec celle de l'Union européenne qui avait signé avec la Libye un mémorandum de normalisation des relations diplomatiques. Mais la méthode de Sarkozy a été critiquée à Bruxelles (http://www.time.com/time/world/article/0,8599,1646141,00.html).
Elle est plus gênante pour Israël car l'UE et la France réintégrent la Libye au processus de Barcelone (coopération euroméditerranéenne) sans que la reconnaissance par elle de l'Etat sioniste ne soit plus exigée (http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2007/07/sarkozy-et-les-.html).
Washington va suivre les pas de l'Union européenne, mais avec un temps de retard. Condolezza Rice a annoncé son intention prochaine de se rendre à Tripoli. “I know that American companies are very interested in working in Libya,” a déclaré la secrétaire d’Etat américaine dans une interview à Radio Sawa (http://www.ft.com/cms/s/e2178eec-3a7c-11dc-8f9e-0000779fd2ac,_i_rssPage=6700d4e4-6714-11da-a650-0000779e2340.html). La normalisation des relations diplomatiques est en cours, mais le lobby israëlien au Sénat de Washington freine le processus (http://www.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1184168552174&pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull) – le Jerusalem Post cite notamment Charles Schumer, sénateur démocrate de New-York et membre du Congressional Israel Allies Caucus. Une rivalité euro-états-unienne autour du pétrole libyen n'est pas à exclure, tout comme en Algérie où s'est rendue la conseillère pour la sécurité intérieure de George W. Bush Fran Townsend au mois de juin (http://www.algerie-dz.com/article5684.html).
Même rivalité en Afrique subsaharienne. Nicolas Sarkozy après avoir annoncé en mai 2006 sa volonté de rompre avec la Françafrique (http://www.loccidental.net/spip.php?article188), s'est hâté d'en reconstruire les réseaux (http://www.survie-france.org/article.php3?id_article=929&var_recherche=+fran%E7afrique ). A l'occasion de son voyage en Afrique subsaharienne, après avoir imaginé de visiter d'abord Kinshasa et Le Cap, il a dû passer par les étapes incontournables (Dakar-Libreville), http://www.loccidental.net/spip.php?article615 . Le régime gabonais a reçu une remise dette du Club de Paris le 19 juillet (http://www.liberationafrique.org/spip.php?article1875) et N. Sarkozy a reçu le dictateur congolais Sassou N'Guesso à l'Elysée le 4 juillet (http://www.survie-france.org/article.php3?id_article=971). Ce retour aux alliances traditionnelles pourrait être dicté par la rivalité économique avec les Etats-Unis qui s’implantent de plus en plus dans le pré-carré de la France : "Vu le long compagnonnage entre Français et Noirs d'Afrique, les sacrifices qu'ils ont ensemble consentis, on ne voudrait pas, un jour, dire ceci : "Sarkozy Go Home ! Bush Welcome !" écrivait Cheikh Aliou Amath dans Le Soleil de Dakar le 8 mai (http://www.africatime.com/benin/nouv_pana.asp?no_nouvelle=324945&no_categorie=1 ).
Sur le dossier proche-oriental, La France a accueilli récemment une conférence sur l’avenir du Liban, à laquelle participera le Hezbollah. L’invitation du Hezbollah mettait fin aux espoirs, formulés à Jérusalem après l’élection de Sarkozy, de voir le nouveau président placer ce mouvement sur la liste européenne des organisations terroristes. Des sources diplomatiques à Jérusalem affirmaient alors que la France a informé Damas de sa volonté d’ouverture (http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=2217).
En ce qui concerne l'Amérique latine, le vice-ministre des affaires étrangères en charge de l'Europe du gouvernement du Venezuela Rodrigo Chaves était en visite à Paris hier, où il a rencontré le secrétaire d'Etat Philippe Faure, ce qui pourrait déboucher sur une rencontre Sarkozy-Chavez en décembre à Caracas ainsi que sur la création d'un goupe latino-européen entre la l'Amérique latine, l'Espagne, l'Italie et la Roumanie. La France s'est dite satisfaite de la façon dont Total a été traitée dans le cadre des nationalisations de l'Orénoque (le vice-ministre a également rencontré des responsables du PS, du PCF et du Monde Diplomatique) - http://www.aporrea.org/venezuelaexterior/n98557.html.
Ces éléments soulignent pour le moins l’existence de nuances, voire de contradictions, malgré l’amitié de façade, entre Paris et Washington.